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Noah K., 19 ans, a été reconnu coupable d’avoir incendié neuf voitures à Saint-Jean-de-Védas dans la nuit du 23 au 24 juin. La peine, prononcée par le tribunal de Montpellier le lundi 11 août, inclut un an de sursis probatoire, une obligation de soins et la réparation des dommages aux victimes.
 

La salle d’audience n°6 du tribunal de Montpellier est pratiquement comble le lundi 11 août lorsque Noah K., 19 ans, entre dans le box des accusés. Une touffe de cheveux bouclés sur la tête, vêtu d’un simple t-shirt blanc, le jeune homme est jugé pour avoir incendié neuf voitures et un local à poubelles à Saint-Jean-de-Védas dans la nuit du 23 au 24 juin

Sous le regard de ses parents assis dans la salle, il écoute le rappel des faits par la présidente du tribunal. “Les forces de l’ordre sont saisies le 24 juin au matin, vers 5h, pour un premier incendie de véhicule. Ils constatent un deuxième feu, puis détectent une autre fumée provenant d’un local poubelle. À quelques mètres, deux autres véhicules sont en feu. Grâce à l’intervention rapide des pompiers, les incendies ne se propagent pas davantage, bien que quelques façades de bâtiments, plantations et clôtures soient endommagées“, décrit-elle. “Les gendarmes remarquent à proximité de l’incendie un individu aux mains noircies et imprégné d’une odeur d’hydrocarbures.” C’est à ce moment-là que Noah K. est interpellé.  

Tandis qu’il est en garde à vue, les gendarmes recueillent le témoignages de deux personnes qui assurent avoir vu dans les parages un jeune homme mince, cheveux bouclés, portant un t-shirt bleu marine et un pantalon blanc avec une sacoche. Une silhouette semblable à celle de Noah K. qui apparaît aussi à plusieurs reprises sur les caméras de vidéosurveillance du quartier où se sont déroulés les faits. 

“J’étais en état d’ivresse”

Calme, Noah K. réagit : “J’étais en état d’ivresse et je ne me souviens pas de toute ma soirée.” S’il reconnaît sa présence à 4h27 sur une des vidéos où il tient à peine debout, il affirme que ce n’est pas lui sur les autres images. Il précise qu’il avait bu dix bières de 25 cl autour de minuit, après son service dans une pizzeria de La Grande-Motte où il est saisonnier. Puis il raconte qu’il s’est rendu dans ce quartier de Saint-Jean-de-Védas pour « décuver » pour que son père, ignorant sa consommation d’alcool, ne le voie pas dans cet état. 

Vous reconnaissez une consommation massive d’alcool depuis votre majorité, avec une forme de dépendance, particulièrement marquée ces derniers mois, ainsi qu’une consommation occasionnelle de cannabis“, souligne la présidente du tribunal. Noah K. admet  : “J’ai un problème avec l’alcool. Je ne réalisais pas à quel point c’était grave“. Fils aîné de trois enfants, il a grandi dans un contexte familial difficile, avec des épisodes de violences et un père lui-même alcoolique.

Des mains et des vêtements couverts de suie

Interrogé sur les traces de suie sur ses vêtements et chaussures, il répond : “Je suis tombé plusieurs fois en trottinette, j’ai encore les marques sur les genoux“, sans convaincre le tribunal. Malgré seulement quelques flashs de la soirée, il maintient ne pas être l’auteur des incendies. Ses vêtements ont été saisis et des prélèvements ont été faits sur ses mains, mais aucune analyse n’a été réalisée dans le cadre de l’enquête. 

C’est ce que dénonce son avocat, Me Sylvain Alet, qui plaide la relaxe : “Je ne comprends pas que devant une affaire aussi grave n’ayez pas ouvert une information judiciaire”, s’offusque le conseil en s’adressant au parquet. “Les gendarmes, pris par le temps, n’ont pas pu faire toutes les exploitations possibles. Pourquoi les vêtements n’ont-ils pas été analysés ? Ce dossier il n’est pas à la hauteur de la gravité des faits reprochés à mon client.”  

Pour le procureur de la République, “une nouvelle expertise n’aura pas beaucoup d’intérêts.” “J’ai entendu l’absence de justifications de Noah K. qui sont à géométrie variable et qui ne sont pas cohérentes avec le reste”, continue le parquet qui liste les éléments à charge : les habits recouverts de suie, les caméras de vidéosurveillance qui filment un individu qui déambule avec les mêmes habits que Noah K. au moment des faits. “Les habitants de ce quartier ont été mis en danger”, souligne le procureur pour rappeler la gravité des faits. 

Des parties civiles anxieuses ou en colère

Près de dix victimes se sont portées parties civiles, dont le sapeur-pompier Younès B. qui témoigne à la barre : “Je me suis brûlé car l’accès à l’une des voitures était compliqué.” Depuis, sa cuisse est balafrée d’une cicatrice de 12 centimètres sur 7 et il a été arrêté 30 jours. Mais c’est surtout de la colère que ce soldat du feu ressent devant le tribunal. “Je peux donner ma vie pour un feu accidentel dans une maison. Mais risquer ma vie pour des incivilités, je ne cautionne pas alors que ma famille m’attend à la maison!” 

A part le pompier Younès B., aucune partie civile ne s’est déplacée pour l’audience et toutes étaient représentées par leurs avocats. Parmi elles, Marion Pauc et Adria Bourouaha ont perdu leur véhicule. “Au lieu de profiter de l’été avec leurs enfants, elles ont dû gérer assurances et procédures, avec des séquelles psychiques durables“, plaide leur avocat Romain Fontes. Par la voix de leurs conseils, d’autres victimes rapportent leur anxiété et les perturbations de leur vie quotidienne suite aux incendies, certaines ayant même dû prendre un arrêt maladie. 

“Le tribunal vous déclare coupable”

Après avoir écouté les avocats des parties civiles égrener leurs demandes de dommages et intérêts ou de réparation, Noah K. a eu droit au dernier mot pour clôturer l’audience. “Ce que je vis en prison, ça me traumatise. Tous les soirs je dors la boule au ventre. J’ai été en cellule avec des gens complètement fou, dans une chambre bondée de cafards et un matelas au sol”, témoigne-t-il, avant que le tribunal se lève pour délibérer. 

Quand les juges reviennent, Noah K. apparaît anxieux. “Le tribunal vous déclare coupable“, tranche la présidente. Le jeune homme ferme les yeux, son visage se décompose. Sa mère fond en larmes dans le public. 

Il est condamné à deux ans de prison, dont un an de sursis probatoire, assorti d’une obligation de soins en addictologie, de travail et de formation, et d’une interdiction de paraître à Saint-Jean-de-Védas. La peine ferme sera aménagée sous bracelet électronique. Le cumul des intérêts civils à verser aux victimes s’élève à plus de 20 000 euros. 

 

source https://www.herault-tribune.com/articles/incendie-de-voitures-a-saint-jean-de-vedas-je-ne-me-souviens-pas-de-toute-ma-soiree/

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